Le Second Exil

Ils sont repartis comme ils étaient venus.
Les Exilions, pour ceux qui ne les connaissent pas, étaient un peuple intellectuellement supérieur. Ils avaient fui leur terre d'origine pour quelque raison obscure, ouvrant un portail pour se trouver une nouvelle terre d'attache, emmenant avec eux leurs savoirs et leurs technologies. Ils créèrent des villes, des écoles, instruisirent les populations, assurèrent leur descendance, se dispersèrent. Ils induisirent des cultes de la Connaissance, prièrent, aidèrent tous les continents à s'avancer dans ce domaine scientifique qu'ils connaissaient si bien. Ils combattirent parfois, se mirent au service de ce qui leur semblait juste, de ce qui leur permettrait d'atteindre le but qu'ils s'étaient fixé. Grands mages, inventeurs, marchands, négociateurs, ils se taillèrent une place dans l'élite. Seulement la situation d'Odaness se détériorait, et au fil des années, cette terre promise ne fut plus paradisiaque et devint dangereuse alors que des créatures sorties du fond des abysses, des monstres élémentaires réveillés par quelques rituels et des dieux déchus se mirent à les assaillir, eux et le reste de leurs tout nouveaux frères et sœurs. Ils firent leur part, mais un jour les descendant de ceux à l'origine de l'Exil se rencontrèrent dans le plus grands secrets, eux qui avaient été maintenus au fil des générations à la tête de la hiérarchie exilionne. Tous grands savants, penseurs, soldats et philosophes, ils en vinrent à une grave conclusion: ils devaient repartir. L'endroit n'était plus sûr.
Et un jour, ils furent partis.
On ne rencontra plus un seul Exilion dans les rues. Leurs écoles furent désertées, leurs villes, abandonnées, et un pan entier de ce qu'Odaness avait appris à connaître tomba dans l'oubli. Le peuple à l'origine de la majorité des innovations des derniers siècles avait tout bonnement disparu, avalé par un autre portail ayant été ouvert, repartis pour toujours sur leur terre d'origine qui sans doute était devenue plus hospitalière que notre terre à nous, pour qui nous nous battons encore.