À l'aube des temps, selon un vieux tome oublié au fond d’une bibliothèque, le Panthéon était occupé par les Titans, des entités représentant chacune des pulsions de l'existence: la colère, l'espoir, la peur, le désir et la rancune. Source de la première vie, ils entreprirent de façonner les peuples mortels en leur insufflant à tous une parcelle d'eux-mêmes, du poids des malheurs du monde, en recherchant dans ces nouvelles populations serviles un pouvoir auquel ils n'avaient jamais eu accès.
Ils régnèrent d'une main de fer, exercèrent leur autorité avec le plus grand des zèles, craignant la conscience et la pensée propre que ces esclaves étaient à même de développer. Leur influence tyrannique perdura d'innombrables années, la puissance de ces Créateur étant toujours plus grande, proportionnelle à l'envergure des pulsions émanant des mortels avec qui ils jouaient avec tant de plaisir. Pourtant, les années passant, les Dieux créateurs devinrent dépendant à cette puissance que leur conférait les mortels partageant leur pulsion primaire. Or, le risque de rébellion au sein du panthéon croissait, car chacun était mu par un désir immodéré d'emprise.
La nécessité de se trouver en haut des autres devint égale à celle de voir sa pulsion émise, et, si aucun lien ne les avait jamais unis, s'ils avaient toujours été indépendants, cela n'empêcha pas une compétition violente de s'installer.
La fin de l'ère de domination des Titans fut amorcée par Perfidar, des désirs et de l'envie. Celui-ci, croyant réussir à faire tomber deux de ses rivaux en les montant l'un contre l'autre, poussa Dhebos, de la colère, et Akasha, de la rancune, à prendre part dans un conflit que ni l'un ni l'autre n'avait ni voulu ni vu arriver, se laissant entraîner dans la spirale maléfique supervisée par son créateur jubilant de sa réussite.
Il continua à se rengorger de son exploit jusqu'à ce que tout en vienne à dégénérer excessivement, l'harmonie que l'on avait réussi à préserver se trouvant en chute libre jusqu'à ce qu'Akasha, brisant toutes les règles sous-tendues, aille fouler la terre, excédée. Rien de tel n'était jamais arrivé, et celle-ci se mit à marcher sous différentes formes, ouvrant les esprits et les poussant à se rebeller contre ceux qui l'avaient déjà oubliée.
Elle préméditait leur perte dans le silence - en sachant très bien qu'elle se condamnait par le fait-même - sans déclencher comme eux de cataclysmes, répandant la rumeur que chacun pouvait utiliser sa volonté pour se libérer des chaînes qui les torturaient depuis des générations. La vengeance rancunière devint alors la principale arme de ces nouveaux réfractaires.
Akasha déclencha, au point culminant de sa puissance, le Temps des Troubles, sacrifiant son existence en s'exilant dans les fosses démoniaques pour sauver ces Hommes qu'elle regrettait de ne pas avoir compris plus tôt. Elle observa la déchéance de ces anciens confrères qui l'avaient négligée alors qu'elle était descendue et qui avaient en quelque sorte couru à leur perte.
Détrônés, les dieux Créateurs durent laisser leur place à ces dieux que l'on connaît si bien, relayés au titre de légende, et leur destin à jamais oublié.
Quant à Akasha, elle veille toujours, maîtresse des abysses.
Et, avec une tendresse toute maternelle à l'égard des peuples qu'elle a fait revivre par son sacrifice, elle prépare son retour.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire