À la suite du Temps des Troubles déclenché par Akasha, Bayemonn, titan de la peur, a vu sa puissance chuter. Les peuples mortels, poussés par leur volonté de reprendre en main leur destinée, avaient chassé toute crainte de leur esprit et avaient ainsi coupé tout lien qui les unissait audit titan. Bayemonn, maintenant exilé du royaume divin, chercha un refuge pour sauver les quelques forces qui lui restaient. Il entreprit de marcher au travers de divers plans parallèles, fuyant la colère des nations esclaves humaines. Son chemin le mena vers une dimension où le désert prédominait. Il n’y avait nulle trace d’existence au-delà de l’horizon infini. Laissé seul à lui-même, le titan pesta contre le destin et tout ce qui lui arrivait. La rage le submergea et des larmes de colère et de fureur coulèrent. De ces larmes découla un torrent, de ce torrent émergea des océans. À présent pris au milieu d’un néant d’eau dirigé par des courants chaotiques, Bayemonn quitta ce plan et s’enfuit vers un autre.
Cette seconde dimension s’avéra être un vaste monde au sol fissuré par la sécheresse. Des pics de roc poussaient en nombre incalculable. Ce cheminement éprouvant vida le titan du reste de ses forces. À présent incapable de marcher, Bayemonn tomba au sol. Animé par une volonté de survie démesurée, il continua son ascension vers l’exil. Le sol, infinies griffes acérées et arides, pénétra la peau du titan. Écorché à vif, il fut entièrement lacéré de part et d’autre. Sa chair encore chaude était parsemée sur le sentier qu’il s’était lui-même tracé. De cette chair sanguinolente germa un brin d’herbe. De ce brin d’herbe naquit un arbre. De cet arbre s’émancipa une végétation luxuriante et dense à perte de vue. Épuisé, faible, agonisant, le titan quitta se plan.
Arrivé au troisième plan, Bayemonn pouvait à peine bouger. À bout d’énergie, seule sa volonté lui permettait de continuer. Égoïste et vindicatif, il préféra s’enlever lui-même la vie plutôt que de se faire bêtement achever ou de mourir d’épuisement. Il s’arracha donc le cœur, scellant ainsi son avenir. Il le serra dans sa main de toutes ses forces restantes, de toute sa haine, puis le laissa tomber lourdement au sol. Du cœur s’échappait une douce chaleur. Cette chaleur attisa la poussière du sol qui devint rapidement rougeoyante. De cette braise apparurent des flammes par milliers qui dévorèrent tout ce qui se trouvait sur leur passage.
Dans ce monde en incandescence, le titan roula sur lui-même et se retourna, visage vers le ciel. À présent dans le dernier plan, il ferma doucement les yeux, décontracta ses muscles, et émit son dernier souffle de vie. Ce qui tantôt était une petite brise devint rapidement une bourrasque, puis une véritable tempête. Le corps de Bayemonn, titan de la peur, se dissipa tranquillement, poussière par poussière et alla rejoindre sa place, parmi les légendes. Il avait donc créé, par son désir de survivre, les quatre plans élémentaires qui entourent notre monde et toutes les créatures élémentales qui y résident.
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