Le Premier Temps des Troubles. Un événement de nos jours encore mystérieux lui mit fin. Il s’agissait de l’accès d’une poignée d’hommes et de femmes à un sanctuaire au-delà des nuages, d’où on peut observer le monde, dit-on. Ainsi, Odaness entra dans une nouvelle ère, appelée de nos jours l’Ascension des Dieux Nouveaux. La rumeur courait qu’il n’existait pas vraiment de dieux nouveaux, et le peuple se trouvait alors dans une grande confusion quant à leur existence… La plupart des gens se questionnaient alors sur leur destin, et dans certains cas, cherchaient désespérément un dieu pour qui prier.
Dans un village reculé vivait une famille très pauvre. Le père fut jadis cambriolé par des brigands, alors qu’il était un riche marchand et habitait les plus beaux quartiers de sa ville. Sa fortune s’effondra avec son moral, et il fut rapidement contraint à habiter une vieille masure avec sa femme et ses trois filles.
Celles-ci étaient atterrées d’avoir à quitter leurs riches appartements pour une petite maison poussiéreuse. Malgré la grande tristesse de toute la famille, leurs parents ne cessèrent jamais de les aimer. Elles avaient chacune une personnalité différente, et étaient très jolies, même dans leurs vêtements sales et troués. C’étaient des triplettes, et se nommaient respectivement Saenora, Telessia et Méloria. Les habitants des environs étaient stupéfaits de leur ressemblance et de leur perfection, autant par leur façon de parler que par leurs traits physiques. Il leur fût donc attribué maints surnoms haineux, par jalousie…Elles vivaient donc plus à l’écart de la population.
Telessia était beaucoup plus polie et courtoise que ses soeurs. Elle adorait passer du temps avec sa mère sur les rives du ruisseau derrière la maison. Celle-ci lui racontait toujours des histoires de sa famille et de vieilles légendes de sa contrée natale. La jeune Telessia buvait ses paroles. Elle s’occupait souvent du jardin et des tâches ménagères avec elle. Son père, quant à lui, ne passait souvent ses journées qu’à chasser et à se lamenter sur son sort avec sa vache, qu’il aimait presque autant que sa famille.
Méloria était d’une nature plutôt lunatique et rêveuse. Elle parlait peu depuis son emménagement près de la forêt, avec sa famille. Elle passait le plus clair de son temps à explorer les bois et à jouer avec le chien qu’elle avait apprivoisé. La forêt était vaste et accueillante, et une ambiance de tranquillité y régnait. Elle accompagnait son père lorsqu’il s’y promenait, mais jamais lorsqu’il chassait pour le repas du soir. Le geste de tuer un animal la répugnait, et manger de la viande lui donnait la nausée. Son père lui racontait mélancoliquement ses vieilles aventures du temps de sa jeunesse, et Meloria rêvait de pareils périples à découvrir le monde.
Saenora, quant à elle, était plutôt du genre à profiter du mystère qu’elle et ses soeurs inspiraient aux habitants des environs. Elle se pavanait souvent dans le village, avec une robe qu’elle avait gardée du déménagement malencontreux de sa famille. Elle se nourrissait des regards des autres, et était d’une nature hautaine et égoïste. Elle préférait passer ses journées loin de chez elle, au lieu de participer aux tâches comme ses soeurs. Elle se sentait puissante lorsque les gens lui prêtaient attention.
Les jours passaient lentement mais sûrement, jusqu’au jour où leur mère fût emportée par la maladie. Les trois enfants étaient devenues de jeunes et belles femmes. Telessia pleura plusieurs jours durant le décès de sa mère. Ses soeurs restaient perplexes devant son chagrin immense. Saenora continua ses occupations habituelles, un léger poids sur le coeur, et Meloria passa beaucoup de temps avec son vieux chien, à marcher dans la forêt. Leur père passait de plus en plus de temps hors de la maison, à l’auberge ou ailleurs. Telessia décida donc d’enterrer sa mère sur les berges du ruisseau où ils passaient jadis leurs journées à parler. Meloria passait beaucoup plus de temps qu’avant dans la forêt, et elle y dormait parfois. Saenora, elle, se mit à faire d’étranges songes…
C’est ainsi que les trois soeurs se séparèrent progressivement, leurs destins se traçant devant eux…
Chapitre premier : Le Pendentif de Telessia
Chapitre second: La Flûte de Méloria
Chapitre final : L'anneau de Saenora
Chapitre premier : Le Pendentif de Telessia
Chapitre second: La Flûte de Méloria
Chapitre final : L'anneau de Saenora